Par Gwendal Loisel, 15 octobre 2022.

Simone, le voyage du siècle est ce genre de film qui, à la sortie du cinéma, vous fait questionner sur tout votre environnement, le passé qui nous a précédé et la voie que l’on est en train de suivre.

Simone, le voyage du siècle, c’est le destin de Simone Veil, son enfance, ses combats politiques, ses tragédies. Le portrait épique et intime d’une femme au parcours hors du commun qui a bousculé son époque en défendant ses convictions, toujours d’une brûlante actualité.

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Lorsque je suis sorti du cinéma, la première et évidente chose qui me suit venu en tête, fut probablement la brutalité des images de déportation, et leurs brutalités de reconstruction. Le véritable sentiment de se retrouver dans les années 40 est présent. Et ce sentiment d’incertitude lorsque l’on ne connaît pas la vie des membres de la famille de Simone Veil devient une oppression grande qui tourmente, notamment celle de la mère Simone Veil, qui durant toutes les parties où l’on se retrouve dans des camps de déportés, est posée la question de sa survie qui devient une question pesante.

“Dans la peau et les souvenirs de Simone Veil elle-même, le film mélange magnifiquement et magistralement différents temps”

Le film nous transporte tels les prisonniers. Impuissant, on observe alors le passé. Ce sentiment d’impuissance se retranscrit parfaitement dans le film et l’extrême violence des images nous démontre l’infime violence en réalité subits par tous les Juifs durant cette époque. Un retour dans notre histoire sombre, celle qui, comme le film le montre, voulait se faire oublier mais le passé revient toujours.

Je citerai Simone Veil, afin de représenter un des autres aspects du film : “Je n’aime pas l’expression « devoir de mémoire ». Le seul « devoir », c’est d’enseigner et de transmettre”. Et c’est bien ce que le film réussit à nous faire transmettre. Nous transmettre le combat d’une femme dans un monde d’homme, le combat d’une ancienne déportée des camps de concentration avec la force absolue qu’il faut pour affronter le monde et changer la vie de millions de gens, pour créer des institutions et des lois qui aujourd’hui sont plus que jamais présente dans nos vies, tel que celui de l’avortement ou encore la propreté des prisons dont le film met un point d’honneur à nous le montrer.

Aujourd’hui, le film est largement d’actualité, les menaces face au droit à l’avortement s’immiscent partout dans le monde et alors que ces droits sont inscrits depuis ce qui semble être toujours pour les jeunes générations telles que la mienne. Il est aujourd’hui effrayant de voir qu’aux États-Unis et même en Europe, l’avortement est mis en danger.

“Le film nous interprète l’horreur sans pour autant s’en définir et s’en genrer”

Parlons maintenant de ce qui est de la beauté flamboyante cinématographique du film. Ce que ce dernier réussit le plus, c’est le mélanges des temps et des flash-back, dans les souvenirs de Simone Veil.

Le spectateur lambda peut tout à fait comprendre le film sans se poser de questions par rapport à l’espace temps comme dans un Inception par exemple. Le film plonge les souvenirs dans les souvenirs posant sur un plan cinématographique la question de comment définir ce qu’est le présent dans un film, réponse qui ne semble être donnée par le présent auquel on s’identifie le plus, étant celui de Simone âgée assis sur une chaise en train d’écrire ses mémoires.

Aussi dans les extraits remarquables du film, le plan séquence du train (sommes nous dans un train ?), durant lequel défilent des paysages en travelling vers la gauche qui de prime abord se situe dans notre époque que l’on remarque par le biais des voitures qui roulent. Puis tout en continuant et par un effet de transition par l’image, la scène change dans le mouvement, sans pour autant que cela se remarque pour ensuite passé sur les camps de déportation, puis la marche de la Mort, dans la neige. Ce plan sans parole, avec seulement les bruits ambiants que l’on a de chaque paysage nous décris parfaitement bien le chemin d’une vie. Il nous raconte de façon remarquable plusieurs époques qui nous montre le chemin que Simone Veil a dû endurer pour en arrivé ici. Ce plan est une sorte de récapitulatif de son voyage entier, son voyage du siècle.

Le jeu des actrices qui jouent Simone est très bon. Trois actrices pour incarné Simone, enfant par Lucie Usal, puis le bon jeu de Rebeca Marder qui incarne toute la vie non télévisé de Simone Veil et enfin le très bon jeu d’Elsa Zylberstein qui incarne purement Simone Veil avec certaine séquence où l’actrice et la personne ne deviennent qu’une.

En tout et pour tout, est-ce un film à voir ? La question ne se pose pas, c’est un film à voir pour comprendre le sentiment des rescapés des camps de concentration. C’est un magnifique biopic d’un voyage et d’une politicienne. Enfin, c’est surtout un film qui est très fortement lié avec notre actualité.

Gwendal Loisel, 15 Octobre 2022